Je suis atteint du syndrome douloureux régional complexe. Existe-t-il des recherches sur ce sujet?
Syndrome douloureux régional complexe (SDRC) : Nouvelles perspectives et espoir de traitement
Le syndrome douloureux régional complexe (SDRC) est depuis longtemps une énigme clinique. Cette affection douloureuse chronique touche généralement l’un des membres et se caractérise par une douleur intense, des changements de couleur et de température de la peau et un gonflement, souvent déclenchés par une blessure telle qu’une entorse ou une fracture. Malgré des décennies de recherche, les raisons pour lesquelles certaines personnes développent un SDRC et d’autres non ne sont pas claires. Il existe de nombreuses options thérapeutiques, notamment les médicaments, la kinésithérapie et l’ergothérapie, les procédures invasives et les interventions psychologiques. Cependant, de nombreux patients continuent de présenter des symptômes malgré les meilleurs traitements disponibles, ce qui laisse les médecins et les scientifiques perplexes quant aux causes et aux mécanismes sous-jacents du SDRC.
Un traitement efficace du SDRC implique une stratégie à multiples facettes qui comprend l’éducation sur la maladie, les médicaments pour le traitement de la douleur, la réadaptation physique et le soutien psychologique si nécessaire. Cette approche holistique aborde à la fois les aspects biologiques et psychosociaux du SDRC.
Recherches en cours
De récentes avancées dans la recherche sur le SDRC ont apporté un nouvel espoir. Une étude fondamentale menée par le Centre for Pain IMPACT de NeuRA et l’Université d’Australie du Sud a remis en question la croyance de longue date selon laquelle le SDRC est une maladie qui dure toute la vie. La recherche indique qu’un diagnostic précoce et un traitement efficace peuvent conduire à une récupération significative dans les 18 mois pour près de 80 % des patients. Cette découverte souligne l’importance cruciale d’une intervention précoce dans la prise en charge du SDRC.
L’étude MEMOIR, financée par le gouvernement australien, évalue actuellement un nouveau médicament et un programme de réadaptation pour le SDRC, avec une participation nationale facilitée par la télésanté. Cette étude et d’autres efforts de recherche internationaux visent à affiner et à valider les traitements les plus efficaces pour le SDRC.
SDRC et microbiome intestinal
Ces dernières années, notre équipe de l’Institut Rambam pour la médecine de la douleur à Haïfa, en Israël, a établi une étroite collaboration avec le Dr Yoram Shir de l’Unité de gestion de la douleur Alan Edwards à Montréal, et les Drs Arkady Khoutorsky et Emmanuel Gonzalez de l’Université McGill. Ensemble, nous étudions le rôle des bactéries intestinales dans la douleur chronique, en particulier dans le SDRC. Notre intestin abrite des milliards de micro-organismes, collectivement connus sous le nom de microbiome intestinal, qui ont un impact significatif sur notre santé et nos maladies.
Sur la base de nos travaux antérieurs sur la fibromyalgie, où nous avons constaté que des changements dans la composition des bactéries intestinales peuvent provoquer des douleurs et d’autres symptômes, nous avons décidé d’étudier si cela pouvait également être le cas dans le SDRC. Nous avons comparé les bactéries intestinales de plus de 50 personnes atteintes de SDRCà celles d’un nombre similaire de témoins indemnes de douleur et avons constaté des différences significatives au niveau de certaines bactéries. En outre, nous avons observé des changements dans les métabolites spécifiques produits par les bactéries intestinales dans le sang des patients atteints de SDRC.
Les différences étaient si marquées que nous avons formé un algorithme d’apprentissage automatique pour diagnostiquer le SDRC en se basant uniquement sur la composition des bactéries intestinales. Fait remarquable, la composition des bactéries intestinales des patients atteints de SDRC en Israël était similaire à celle des patients canadiens au Québec, ce qui a permis au modèle de diagnostiquer avec précision le SDRC, quel que soit le lieu de résidence du patient.
Ces résultats sont prometteurs à plusieurs titres : ils nous permettent de mieux comprendre les mécanismes du SDRC et ouvrent de nouvelles voies pour des traitements potentiels. Dans le cas de la fibromyalgie, la transplantation de microbiome intestinal provenant de donneurs sains a permis d’améliorer de manière significative la douleur et d’autres symptômes. Si des résultats similaires peuvent être obtenus pour le SDRC, il y a de l’espoir à l’horizon pour les personnes touchées par cette maladie débilitante.
En résumé, les recherches récentes ont transformé les perspectives sur le SDRC, qui est passé d’une maladie incurable à une maladie qui peut être gérée efficacement et potentiellement résolue par une intervention précoce et complète. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, ces avancées offrent un nouvel espoir aux millions de personnes touchées par le SDRC dans le monde.
Amir Minerbi, MD PhD
Director, Institute for Pain Medicine
Rambam Health Campus
Haifa, Israel