La douleur est maintenant reconnue comme un problème de santé courant que tout le monde va éprouver au moins une fois dans sa vie. La recherche, l’éducation et la sensibilisation, ont permis de considérer la douleur comme un problème de santé à part entière, plutôt qu’une conséquence d’une autre maladie ou condition médicale. Chez environ 5 à 10 % des personnes, un épisode de douleur lombaire (DL) aiguë et récente se prolonge dans le temps et devient chronique. Pour d’autres, l’arthrose qui est un autre type de problème assez courant et douloureux limitera leurs activités quotidiennes. Les femmes et les personnes âgées sont les plus concernées par l’arthrose, bien que cette maladie touche 14 % de la population au Canada.
But
L’arthrose et la DL exercent un fardeau économique important et semblable pour notre société. Cela signifie qu’il se pourrait que les personnes touchées par ces problèmes de santé ne puissent pas être en mesure de travailler, auront besoin d’un grand nombre d’interventions de gestion de la douleur, de prescriptions ou de consultations auprès de divers prestataires de soins de santé. Par exemple, les coûts liés à l’arthrose peuvent aller jusqu’à 7,6 G$ chaque année au Canada. Dans cette étude, les scientifiques voulaient mieux comprendre l’impact de ces conditions de santé sur les personnes touchées et la société. Par conséquent, l’équipe de recherche a évalué les associations entre ces deux maladies et l’utilisation des soins de santé et du statut d’invalidité pour mieux comprendre quelles sont les difficultés liées à l’accès à un traitement adéquat de la douleur.
Méthodologie
Une base de données unique comme le Registre Québec douleur offre de nombreuses possibilités pour étudier les personnes vivant avec différents types de douleurs, grâce aux questionnaires et aux données médicales recueillies à l’aide d’outils standardisés. Les personnes ont rempli des questionnaires autorapportés lors d’une première visite dans une clinique de la douleur. Les données collectées portaient sur les caractéristiques de la douleur, la consommation d’alcool et de drogue et les symptômes de détresse psychologique comme l’anxiété, la dépression et le stress. Les questionnaires permettaient aussi de sonder les personnes à propos de leur bien-être ainsi que la santé et le confort liés à leur vie quotidienne. En d’autres mots, l’équipe a évalué la qualité de vie liée à la santé physique et mentale. Le personnel soignant a aussi recueilli des informations médicales concernant la durée et la fréquence de la douleur, la douleur neuropathique, les événements relatifs à l’apparition de la douleur, les autres problèmes de santé actuelles ou passées. Pour mieux comprendre comment les personnes utilisaient les ressources de santé, les scientifiques se sont intéressés au nombre de visites à l’urgence, aux hospitalisations, aux médicaments et aux procédures utilisées pour gérer la douleur.
Résultats
Dans cette étude, 2 663 personnes avec de la DL chronique et 139 personnes avec de l’arthrose ont été sélectionnées à partir du Registre Québec douleur et leurs données analysées par l’équipe de recherche. Les personnes incluses dans l’étude avaient des douleurs modérées à sévères. La plupart des personnes étaient des femmes et environ 50 % avaient des études supérieures. De plus, 40 % des personnes avec de la DL chronique et 27,6 % des personnes avec l’arthrose travaillaient. Les personnes avec lombalgie ont consulté près de 6 types différents de spécialistes de la santé et celles vivant avec l’arthrose ont consulté environ 5 spécialistes différents. La plupart des personnes avec DL ont recours à des thérapies physiques, à des interventions psychologiques et ont recours à des stratégies d’autogestion de la douleur. Les résultats démontrent aussi que les personnes avec de la DL et de l’arthrose utilisaient le plus souvent de l’acétaminophène, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’aspirine ou l’ibuprofène) et des opioïdes. Dans les deux groupes, les autres troubles concomitants étaient les troubles dépressifs, l’hypertension, les maux de tête, l’anxiété et un taux élevé de cholestérol. Il est intéressant de constater que les hospitalisations et les visites aux urgences étaient relativement peu fréquentes et la plupart des personnes ne recevaient pas de prestations d’invalidité.
À retenir
Pour les personnes vivant avec de la DL chronique modérée-à-sévère qui consultaient pour des soins spécialisés, l’utilisation des soins de santé et l’état d’invalidité étaient négativement associés à la sévérité et à l’interférence de la douleur ainsi qu’à la qualité de vie, ce qui est conforme aux études actuelles. Ces résultats n’ont pas été observés chez les personnes touchées par l’arthrose, ce qui peut être expliqué par la taille beaucoup plus petite de l’échantillon de cette population.

