L’arthrose animale est différente de celle de l’homme? On nous dit que plusieurs personnes ont beaucoup d’arthrose sans douleur ou peu de douleur, alors que d’autres ont peu d’arthrose mais beaucoup de douleurs. Est-ce parce que les humains ont de niveaux de ressenti de la douleur qui sont différent?

Cette question est en lien avec cet article diffusé sur Facebook.

L’arthrose est une atteinte qui se compare favorablement d’une espèce à une autre, du moins chez les Mammifères, et ceci inclut l’humain. On parle de valeur translationnelle par exemple du chien à l’humain, et vice-versa.
Une étude (Gordon et al. 2003) sur 41 chiens a rapporté une absence de corrélation entre le niveau d’atteinte structurelle (radiographique) et la perception de douleur (évaluée par analyse podobarométrique de la démarche). Cette dernière est reconnue comme une mesure étalon (de référence) chez le chien ou le chat arthrosique et consiste en une mesure des forces de réaction au sol générées par chaque pas et chaque patte de l’animal. Les auteurs avaient alors conclu que le niveau de douleur chez le chien pouvait être élevé en présence de peu de dommages et vice-versa. Donc ça semblait bien correspondre à ce que vous rapportez.

Toutefois, en 20 ans, les connaissances sur la douleur arthrosique ont énormément évolué et dorénavant, on comprend que toute stimulation de douleur ne sera pas intégrée de la même manière par chaque individu. Ce qui se passe est que cette stimulation va enclencher une série de contrôles inhibiteurs et/ou facilitateurs qui vont déterminer une véritable signature de douleur. Si les contrôles inhibiteurs sont efficaces, alors la perception de douleur sera faible, et ce même en face de lésions articulaires importantes. À l’inverse, de faibles lésions peuvent générer un signal hautement facilité qui sera accompagné d’une perception de douleur élevée. Avec la stimulation prolongée, il apparait que lesdits contrôles inhibiteurs fatiguent, et alors on se retrouve avec une douleur sévère, et un profil de patient sensibilisé. C’est pour cette raison qu’un certain pourcentage de patients humains (environ 15%), même après avoir reçu une prothèse articulaire correctrice continuent à percevoir un niveau de douleur élevé. Ce sont exactement les mêmes phénomènes que nous retrouvons chez nos patients vétérinaires arthrosiques !
La meilleure connaissance de la douleur arthrosique va, au final, bénéficier autant à nos animaux de compagnie qu’à leurs maîtres, car les nouveaux développements anti-douleur ciblent cette sensibilisation et à en améliorer le contrôle par le meilleur analgésique qui soit, celui produit par l’organisme.

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