D’où viennent les douleurs psychosomatiques et quels types de traitement peuvent aider à gérer la douleur?
Il importe de définir ce que l’on veut dire par douleurs psychosomatiques. En effet, ceci peut faire référence à un trouble psychiatrique, notamment le Trouble à symptomatologie somatique (selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux-5), qui est caractérisé par un (ou plusieurs) symptôme physique qui amène de la détresse ou qui a un impact majeur sur le quotidien des gens. Ce symptôme physique est accompagné par un grand niveau de détresse, ou des comportements excessifs en réponse à ce symptôme physique. On ne connaît pas précisément le nombre de personnes qui vivent avec cette condition, mais ce serait moins de 5% de la population. Il y a souvent plusieurs facteurs qui sont à la base du trouble somatique. Il peut par exemple être l’expression physique d’une très grande détresse psychologique comme mécanisme de défense. Ou il peut être le résultat qu’on attribue la cause de symptômes qu’on ressent à des origines physiques plutôt que psychologiques.
Mais le terme somatique est utilisé de plusieurs façons plus ou moins précises, ce qui peut apporter beaucoup de confusion. Plus souvent qu’autrement, quand on réfère à une douleur psychosomatique, c’est souvent car nous n’arrivons pas à identifier une cause précise à la douleur chronique. Toutefois, le seul fait que les médecins ne puissent pas identifier une cause précise pour expliquer une douleur n’est pas suffisant ou nécessaire pour dire que cette douleur est somatique. Une douleur somatique est plutôt diagnostiquée lorsqu’il y a des symptômes physiques qui sont associés à des pensées, à des sentiments ou à des comportements anormaux en lien avec ces symptômes.
Dans la majorité des cas, les personnes vivant avec de la douleur chronique n’ont pas un trouble à symptomatologie somatique. Cela étant dit, les facteurs psychologiques jouent très souvent un rôle dans l’expérience de la douleur. En ce sens, il est crucial de comprendre l’expérience de la douleur chronique de façon globale, avec une perspective bio-psycho-sociale. Ce point de vue reconnaît que l’expérience de la douleur est influencée à la fois par des aspects biologiques, psychologiques, et socioculturels. Prenons un exemple simple pour illustrer cela : se cogner le petit orteil sur le coin du lit. Si je me cogne le petit orteil pendant que je suis en train de me disputer avec mon conjoint, la douleur dans mon petit orteil va être pas mal plus intense que si je me cogne le petit orteil alors qu’on m’appelle pour m’apprendre que je viens de décrocher un nouvel emploi. Pourtant, c’est le même coup que je reçois! Le cerveau utilise non seulement information liée au coup, mais aussi le contexte, la mémoire, les émotions, etc. pour interpréter cette information et générer la perception de la douleur. Je vous suggère ces vidéos afin de mieux comprendre la douleur chronique (https://www.youtube.com/watch?v=I7wfDenj6CQ; https://www.youtube.com/watch?v=IcdsYdUls44). On réalise de plus en plus que le cerveau joue un rôle central dans l’expérience de la douleur.
Vous l’aurez donc compris, la gestion de la douleur va passer par des approches multiples qui peuvent inclure des traitements pharmacologiques comme la médication, des approches physiques comme la physiothérapie et l’exercice, et des approches psychologiques. Plusieurs programmes d’autogestion pour la douleur ont été mis sur pied, dont celui-ci : https://gerermadouleur.ca/agir-pour-moi/. Et une panoplie de ressources pour gérer la douleur se trouve ici : https://gerermadouleur.ca/.