Elaine Champagne

Les questions et les enjeux qui touchent à la spiritualité en situation de maladie, de souffrance, ou de fin de vie apparaissent de plus en plus souvent dans les recherches interdisciplinaires en santé. Et de nombreux intervenants.es en santé visent à les intégrer dans leurs soins. Les professionnels de la santé se sensibilisent progressivement à l’impact de la spiritualité sur le mieux-être des personnes malades. En même temps, je me fais souvent questionner sur ce qu’est la spiritualité, ses liens ou ses distinctions d’avec les religions, ou encore sur les manières de l’aborder lorsque les valeurs ou les croyances ne sont pas nécessairement partagées. Je m’intéresse également à la spiritualité chez les enfants qui, bien qu’ils ne puissent pas conceptualiser les enjeux de sens habituellement associés à la spiritualité, s’interrogent tout de même sur la vie et sur leur expérience, et « habitent » leurs relations avec ceux et celles qui les entourent. Effectivement, la spiritualité est difficile à définir — comme le temps, ou la vie. Le langage pour en parler est souvent imagé : un chemin, un feu intérieur, un souffle, une quête… Mais je crois possible de reconnaître l’impact de la vie spirituelle sur l’état des personnes, ou du moins sur leur manière d’habiter le quotidien et de traverser les situations difficiles. La spiritualité peut habituellement être considérée comme une ressource (parfois méconnue) sur laquelle les personnes peuvent compter et qui contribue profondément à leur qualité de vie. Les intervenants en soins spirituels peuvent aider les personnes accompagnées à reconnaître et à tabler sur leurs ressources intimes, peu importe leur religion. Il arrive aussi que ce soit la vie spirituelle ou encore la vie dans sa globalité qui soit en souffrance. L’accompagnement spirituel spécialisé contribue alors à favoriser et à faciliter l’expression de cette quête profonde — relationnelle et existentielle, afin d’aider à dénouer ce qui l’obstrue et la freine. L’accompagnement spirituel peut contribuer, par l’écoute attentive, la présence compatissante et le processus de narration (entre autres) à soutenir une espérance enracinée. Mes recherches portent sur la manière de reconnaître la spiritualité et de l’accompagner, au-delà des mots pour l’encadrer ou l’enfermer, mais aussi avec des mots pour lui permettre de s’exprimer et de se déployer. Je me passionne aussi pour le dialogue interdisciplinaire en santé, afin que puisse être mise en valeur la complémentarité des approches anthropologiques et épistémologiques, en vue du mieux-être des personnes souffrantes.