Aujourd’hui, quel est l’âge moyen des personnes qui commencent à voir apparaître les douleurs lombaires? Et quels en sont les causes principales répertoriées?
Aujourd’hui, quel est l’âge moyen des personnes qui commencent à voir apparaître les douleurs lombaires?
On estime que 8 individus sur 10 souffriront d’un épisode de douleurs lombaires (aussi appelée lombalgie) au cours de leur vie (référence 1). La lombalgie est donc une condition commune, pouvant affecter l’ensemble de la population, et ce, sans égard au sexe, à l’âge ou au statut socio-économique d’une personne. Toutefois, la prévalence (c.-à-d. le nombre de cas dans une population donnée) des douleurs lombaires peut varier en fonction de divers facteurs, notamment l’âge et le sexe. En effet, la prévalence de la lombalgie tend à augmenter avec l’âge, se chiffrant autour de 5% chez les enfants, à 20% chez les adolescents et atteignant un sommet entre 25-45% chez les individus âgés entre 40-69 ans (référence 2). Enfin, pour tous les groupes d’âge, la prévalence de la lombalgie tend à être plus élevée chez les personnes de sexe féminin, comparativement aux individus de sexe masculin (référence 2).
Et quelles en sont les causes principales répertoriées?
La lombalgie est une condition multifactorielle, c’est-à-dire qu’elle relève non seulement de facteurs physiques, mais également de l’interaction entre plusieurs facteurs biologiques, psychologiques et socio-environnementaux (référence 3). Chez environ 85% des patients souffrant de douleurs lombaires, aucune cause spécifique ne peut être identifiée. Il existe toutefois divers systèmes de classification pour caractériser les différents types de lombalgie. Trois catégories de lombalgie sont communément répertoriées dans la littérature scientifique, soient : (1) la lombalgie non spécifique; (2) le syndrome radiculaire et (3) la lombalgie spécifique.
La lombalgie non spécifique, communément appelée lombalgie simple, lombalgie commune, lombalgie mécanique ou, est le type de lombalgie le plus fréquent (référence 3). Cette douleur ne s’explique par aucune maladie ou pathologie sous-jacente identifiable. Elle relève donc d’une atteinte biomécanique affectant une ou plusieurs structures anatomiques du dos, par exemple, les articulations, les ligaments et les muscles. La lombalgie non spécifique se caractérise plus communément par une douleur dominante à la région lombaire, sans douleur ou signes ou symptômes neurologiques au membre inférieur (référence 3). Notez que l’Organisation mondiale de la santé a récemment adopté officiellement le terme « Lombalgie primaire » en référence à cette catégorie de lombalgie.
Le syndrome radiculaire regroupe un ensemble de conditions qui relèvent de la compression, de l’irritation ou de l’inflammation d’une racine nerveuse (référence 4). Cette atteinte de la racine nerveuse peut entrainer une variété de symptômes qui s’ajoute à la lombalgie, notamment une douleur dominante à la jambe (sciatalgie), accompagnée ou non d’une perte de sensibilité et/ou de force au membre inférieur (référence 4). La hernie discale lombaire est la principale cause d’un syndrome radiculaire chez les individus âgés entre 30 et 50 ans (référence 5). De manière générale, cette condition apparait de manière soudaine, à la suite d’un mouvement précis ou d’un soulèvement de charge. La sténose spinale lombaire (référence 6) est la cause principale de douleur radiculaire chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Cette condition apparait généralement de manière progressive, puisqu’elle est le plus communément causée par des changements dégénératifs liés au vieillissement. Important : Il est tout à fait possible que des changements structuraux soient présents, sans toutefois que le patient ne présente de symptôme.
La lombalgie spécifique, aussi appelée lombalgie symptomatique ou lombalgie secondaire, représente 1 à 5% des cas de douleurs lombaires. Ce type de lombalgie est causé par la présence d’une pathologie sous-jacente identifiable affectant une ou plusieurs composantes de la colonne lombaire. Parmi les causes de lombalgie spécifique on retrouve la fracture, l’infection, les tumeurs vertébrales, les spondylarthrites axiales et le syndrome de la queue de cheval (référence 3). Ce type de douleurs lombaires s’accompagne généralement de symptômes systémiques (exemples : fièvre, sueurs la nuit, douleurs qui réveillent la nuit).
Si vos douleurs lombaires s’accompagnent d’un ou plusieurs des signes et symptômes suivants (référence 7), il est important de consulter un professionnel de la santé sans tarder :
- Incontinence urinaire ou fécale (difficulté à retenir les urines ou les selles), rétention urinaire (incapacité de vider complètement la vessie)
- Douleur soudaine à la suite d’un traumatisme
- Antécédent personnel de cancer, perte de poids non expliquée ou non intentionnelle, douleur la nuit ou au repos, malaise ou fatigue extrême
- Fièvre
- Symptômes chroniques (> 3 mois) apparus avant l’âge de 45 ans, associés à une ou plusieurs des caractéristiques suivantes : absence d’un mécanisme de blessure spécifique (apparition insidieuse de la douleur), amélioration des symptômes avec le mouvement, absence d’amélioration des symptômes avec le repos, raideur matinale (> 30 minutes), douleur qui réveille dans la deuxième partie de la nuit, douleur à la région fessière en alternance, antécédents d’arthrite inflammatoire, réponse favorable aux anti-inflammatoires en en moins de 48h ou aggravation des symptômes en moins de 48h si la prise d’anti-inflammatoires est interrompue.
Janny Mathieu DC, Étudiante au doctorat en sciences biomédicales
Références
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