Nous avons toutes et tous déjà probablement passé une mauvaise nuit de sommeil au moins une fois dans notre vie. Cela a sans doute eu un impact sur la journée du lendemain, que ce soit en étant de mauvaise humeur, en ressentant de la fatigue ou en ayant des difficultés à se concentrer. De nombreuses raisons peuvent faire en sorte que l’on dorme mal, surtout lorsqu’une personne vit avec de la douleur depuis plusieurs années. Bien dormir est crucial pour notre santé et notre fonctionnement. C’est pour cette raison que les scientifiques s’intéressent à mieux comprendre les mécanismes du sommeil et de la douleur, et donc pour trouver des moyens afin d’améliorer le bien-être des personnes avec des troubles de sommeil.
But
Bien que plusieurs personnes déclarent dans des études qualitatives (description d’un phénomène souvent par le biais d’une entrevue) qu’elles ont des troubles du sommeil en raison de leur douleur, les mécanismes cérébraux du sommeil et de la douleur sont peu connus. L’équipe de recherche de Marc O Martel et Gilles Lavigne souhaitait explorer la relation entre les troubles du sommeil et la régulation de la douleur dans le corps en analysant les résultats de recherche de plusieurs études déjà publiées à ce sujet.
Méthodologie
Les scientifiques ont mené une méta-analyse en combinant les résultats de 37 études qui exploraient le sommeil et la modulation (régulation) interne de la douleur pour faire une synthèse des données et donner un aperçu global d’où en sommes-nous actuellement. Dans ces études, les troubles du sommeil incluaient une mauvaise qualité de sommeil, un sommeil court et l’insomnie. Les études qui mesuraient la manière dont le corps ressent de la douleur comprenaient des tests sur la :
• Sommation spatiale : ressentir davantage de douleur lorsque différents types de stimuli douloureux ont lieu
• Sommation temporelle : ressentir davantage de douleur lorsqu’un stimulus douloureux rapide et répété a lieu
• Modulation de la douleur conditionnée : évaluer par un premier test le niveau de douleur en subissant un autre test douloureux en parallèle, ce qui diminuerait la douleur ressentie au premier test; en d’autres mots : guérir le mal par le mal
• Analgésie décalée : réduction disproportionnée de la douleur après une petite diminution du stimulus douloureux
L’objectif était de comprendre si les perturbations du sommeil perturbent le fonctionnement de la modulation interne de la douleur, tout en prenant en compte les différences entre les sexes.
Résultats
Les études sont partagées. Bien que d’un point de vue qualitatif (descriptif), il existe un lien entre la mauvaise qualité de sommeil et le mécanisme interne de diminuer la douleur, l’analyse quantitative (mesurable), quant à elle n’a pas permis de conclure qu’il existe un lien statistiquement significatif entre le sommeil et la douleur. De plus, des différences de sexe entre les femmes et les hommes sont apparues, où les femmes avaient davantage de la difficulté à inhiber leur douleur après un manque de sommeil que les hommes.
À retenir
Davantage d’études sont requises pour mieux comprendre la relation potentielle entre le sommeil et la douleur tout en considérant comment cette relation change en fonction des facteurs individuels comme l’âge, le sexe et l’ethnie. En d’autres mots, certains groupes sociaux sont-ils plus ou moins disposés à être impactés davantage par un manque de sommeil en contexte de douleur?